Commémoration
Confédération des éducateurs physiques du Québec (CÉPQ, 1984)
et
Fédération des éducateurs et éducatrices physiques enseignants du Québec (FÉÉPEQ, 1994)
40 ans de vie associative en continu
Belle occasion pour célébrer l’événement. Jamais, depuis les débuts de l’enseignement de l’éducation physique dans les écoles et collèges francophone – appelés autrefois « gymnastique » ou « culture physique » –, n’a-t-on eu un organisme ou une filiation ininterrompue d’organismes ayant duré si longtemps.
La disparition progressive des cours d’histoire dans la formation universitaire des éducateurs/éducatrices physiques et l’insuffisance de la recherche historique nous renvoie au passé immédiat de chacun et laisse facilement penser que l’ensemble de notre vie associative ne couvre que les 40 dernières années. De même pour le caractère obligatoire de l’éducation physique que l’on associe trop exclusivement à la publication du tome 3 (chapitre 22) du Rapport Parent, publié en 1964, portant sur l’analyse de la situation d’alors et les recommandations envers cette matière1.
Ce quarantième anniversaire constitue une belle occasion de rectifier l’un et l’autre et donner de la profondeur historique à notre profession et notre vie associative.
Dit brièvement, une certaine attention envers le développement corporel de la jeunesse scolaire canadienne-française s’annonce dès 1866 lorsque le Conseil de l’Instruction publique (CIP) qui gère le système d’éducation jusqu’à l’avènement du ministère de l’Éducation en 1964, adopte un premier règlement concernant l’enseignement des exercices physiques et l’hygiène. On privilégie la gymnastique militaire dans les écoles normales, en espérant que la pratique se répande dans toutes les écoles. L’inscription de cette volonté ne réussit pas à se concrétiser dans les programmes scolaires officiels de 1873 et 1878 et se bute à la dure réalité : absence de formation d’intervenants, de programme, d’installations et d’équipements. Incapable de combler ces lacunes, le système scolaire se résigne à demander l’aide du gouvernement fédéral pour encadrer et financer ce qui était une responsabilité provinciale jalousement protégée. Les résultats seront médiocres, forçant sa réitération en 19372.
Phase 1. Dès le départ, une vie associative séparée (1905-1947)
Au cours de la première moitié du XXe siècle, les intervenants anglophones et francophones du Québec déploient, séparément, des efforts pour se regrouper et faire valoir toute la valeur de la gymnastique dans leur système d’éducation respectif.
La recherche permet d’avancer que la vie associative des éducateurs physiques francophones, alors appelés « profs de gym », remonte à 1905 par la création de la Société nationale de gymnastique (SNG) fondée par le militaire Henri-Thomas Scott (1880-1926). Elle regroupe des instructeurs provenant directement du programme d’entrainement physique de l’armée et elle forme aussi des moniteurs civils œuvrant dans des écoles secondaires publiques et des collèges classiques privés qui veulent bien les accueillir.
Scott fait beaucoup plus : il crée des Sociétés de gymnastique scolaires puis une Ligue des sociétés de gymnastique interscolaires. En 1908, ce sera une École de gymnastique pour femmes dans son nouveau gymnase. Sa popularité est telle que ses équipes d’élites collégiales sont invitées à participer aux tournois catholiques européens où elles ont beaucoup de succès, et ce jusqu’à l’avènement de la Première Guerre mondiale. Bien que militaire lui-même, sa pédagogie mise davantage sur la gymnastique suédoise de Pehr- H Ling et les exercices de musculation de Eugen Sandow que sur les exercices exclusivement militaires. Ce qui explique peut-être ses succès.
À la fin de la guerre, il ne renoue pas avec ses nombreuses initiatives et l’absence de recherche ne permet pas de suivre l’évolution de la SNG dans la société québécoise3. On peut penser que la Fondation Strathcona4 créée en 1909 par Donald A. Smith, homme d’affaires montréalais qui finance les corps de cadets qui privilégient les exercices militaires dans les écoles publiques, les collèges et les écoles normales du Canada récupère cet élan initié par Scott, mais ça reste à démontrer. À l’aube de la Seconde Guerre mondiale, plus de 50 % des cadets canadiens sont québécois. La popularité de la fondation au Québec tient au fait qu’elle continue d’accomplir les tâches normalement dévolues au CIP : payer les instructeurs, les uniformes, les armes, les camps, etc. De plus, il n’y a pas encore de discours et de pratiques alternatives issus d’institutions francophones d’éducation physique. Le cadettisme occupe donc une place hégémonique au Québec francophone jusqu’à la Révolution tranquille sans générer de vie associative.
La vie associative des anglophones québécois prend une autre tangente parce que des gens formés en éducation physique s’écartent de la formation militaire au profit d’une éducation physique « moderne ». Déjà au tournant des années 1910, Ethel Mary Cartwright crée la McGill School of Physical Education pour offrir une formation courte de quatre semaines en utilisant l’argent de la Fondation Stratchona. En 1919 le nouveau directeur Arthur S. Lamb pousse la formation à deux ans. Les réseaux scolaires anglophones disposent depuis ce temps d’enseignants dotés d’une formation universitaire en éducation physique pouvant contrer l’influence du cadettisme5.
En 1923, Arthur S. Lamb de la McGill University regroupe les moniteurs et éducateurs/éducatrices physiques anglophones, surtout montréalais, et crée la Quebec Physical Education Association (QPEA). Dix ans plus tard, en 1933, un autre professeur de la même Université, Arthur S. Sheep, élargit l’organisme aux autres provinces créant la Canadian Physical Education Association (CPEA). Le Québec anglophone, l’Ontario et le Manitoba joignent les rangs. D’autres provinces suivront.
Les francophones n’y adhèrent pas, justifiant le qualificatif de « Développement séparé » pour cette première période de notre vie associative.
Phase 2. Une intégration progressive des francophones au sein d’une nouvelle organisation canadienne (1947-1964)6
En 1947, la CPEA prend de l’ampleur en imitant le modèle américain qui regroupe plusieurs domaines d’action sous un même chapeau. Ce sera la Canadian Association for Health Physical Education and Recreation (CAHPER). L’organisme dominera la vie associative canadienne et québécoise jusqu’à la Révolution tranquille en étant le principal véhicule de représentation et de valorisation de la profession pour les moniteurs et les diplômés universitaires anglophones et francophones. Y adhèrent successivement des entités relativement isolées les unes des autres comme :
-L’Association de récréation et de bien-être de la province de Québec (ARBEPQ).
-Des moniteurs et monitrices formés dans des d’instituts privés comme l’Institut Cécile Grenier ou l’Institut Yvan Coutu.
-De nouveaux gradués universitaires, peu nombreux, issus des nouveaux programmes de baccalauréat d’universités francophones ayant produit des gradués/es : Ottawa (1949), Laval (1954), Montréal (1955), concentrés autour de leur alma mater respectifs.
-Des professeurs des nouveaux Départements d’éducation physique universitaires.
-Des adhésions individuelles de francophones isolées et dispersées dans différentes régions et provinces.
Devenus progressivement assez nombreux, ils se regroupent et forment en 1963, au sein de CAHPER, le Chapitre francophone du Québec. Mais ce mariage ne tiendra pas l’épreuve du temps, car une alternative les tiraille : « Doivent-ils se maintenir au sein d’un organisme canadien anglophone déjà mature et dans lequel ils seront toujours minoritaires ou faire chambre à part et se rassembler dans un nouvel organisme majoritairement franco-québécois ? ». Auparavant, la Section Québec et région de CAHPER (1961) aura publié en 1962 le bulletin Plein Élan pour véhiculer ses idées. La marmite francophone bouillonne !
Cette alternative du développement séparé avait déjà trouvé refuge auprès de la Ligue canadienne-française d’éducation physique (LCFÉP, 1959-1968) créée à Lévis et animée par l’historien Donald Guay. La ligue regroupe un petit nombre de personnes qui veulent justifier et défendre l’éducation physique auprès des francophones du Canada et surtout en faire la promotion au niveau des écoles primaire, là où il y en a si peu. Elle réussit entre autres à faire accepter que la Fédération internationale d’éducation physique (FIEP) ait dorénavant deux représentants au Canada, un pour le Canada anglais et un nouveau, issu de ses rangs, pour le Canada français.
Une autre initiative secoue le statu quo au sein de CAHPER. Sous prétexte que l’éducation est de juridiction provinciale, des diplômés/diplômées des premières cohortes de l’Université de Montréal se regroupent et créent, en marge de la CAHPER, l’Association des diplômés en éducation physique et de récréation (ADÉPR,1960-1965). On publie le Bulletin A.D.É.P.R. [sic] dès 1961. Comme les autres bulletins de cette époque, il dure peu de temps. On se dote d’une charte provinciale autorisant la défense et la promotion de l’éducation physique chez les francophones du Québec. L’organisme dispose de 64 membres en 1964.
D’autres personnes diplômées en éducation physique ou non et en provenance des univers de l’éducation physique, du sport scolaire ou civil, des loisirs et du plein air se regroupent pour fonder la revue Éducation Physique, Sports et Loisirs (1963-1971). Elle fait de la promotion des organismes, des personnes engagées et des réalisations francophones dans tous ces domaines, semant le goût de se prendre en main.
On le constate, l’intégration des francophones au sein de la CAHPER devient de plus en plus problématique. Le dilemme prend fin en 1965.
Phase 3. Du développement intégré au développement séparé (1965-1977)7
La création de la Fédération d’éducation physique et de récréation du Québec (FÉPRQ, 1965-1968) et de sa nouvelle revue professionnelle et scientifique appelée MOUVEMENT (1966 -1976) tranche la question : les francophones se sont donné une alternative crédible et dès 1966, on dénote 282 membres composant six associations régionales.
Bien que plusieurs resteront aussi membre de CAHPER, la création de la FÉPRQ marque le retour au modèle du développement séparé, et ce jusqu’à aujourd’hui. L’ajout de la récréation à l’éducation physique témoigne de la tendance nord-américaine de les associer et correspond aussi à l’état du marché du travail des années 1960 où plusieurs nouveaux diplômés/es sont employés par les municipalités pour gérer leur nouveau Service des loisirs ou Centre des loisirs.
Cette intégration de l’enseignement et de la récréation ne convient pas longtemps aux deux parties qui décident de se séparer lors du 3e congrès de 1968. L’organisme n’accueille désormais que des enseignants et devient la Fédération d’éducation physique du Québec (FÉPQ, 1968 -1972).
Les années qui suivent semblent consensuelles. La formation universitaire est généralisée avec l’ajout de programme de formation à l’Université de Sherbrooke (1964) et l’Université du Québec (1968). Le titre d’« éducateur/éducatrice physique » n’est pas encore contesté, peu importe leur milieu de travail. Ils ont remplacé les anciens moniteurs de gymnastique. Leur paradigme central est passé sans heurt d’un humanisme chrétien inspiré d’Antoine Paplauskas-Ramunas de l’Université d’Ottawa à un humanisme laïque largement partagé qui accepte l’apport de toutes les sciences pour guider leurs interventions éducatives. Finalement, le marché du travail se développe grandement dans et en dehors des réseaux scolaires.
Mais la réalité se révèle plus complexe lorsqu’il est proposé au congrès de 1972 de changer la structure, l’identité et le fonctionnement de la FÉPQ pour lui permettre, dit-on, de représenter non plus des éducateurs physiques regroupés dans des associations régionales comme auparavant, mais des milieux de travail et de changer leur identité professionnelle d’« éducateurs physiques » en « professionnels de l’activité physique ». L’Association des professionnels de l’activité physique du Québec (APAPQ, 1972-1977) est alors née, et sans grands débats. On identifie des divisions d’activités à la tête desquels on retrouve souvent des universitaires : l’enseignement au primaire, au secondaire, au collégial, l’éducation adaptée, la prévention et le conditionnement physique, le sport amateur, le plein air, la formation professionnelle, la recherche, l’administration.
L’octroi des Jeux de la XXIe olympiade à la ville de Montréal en 1970 suscite beaucoup d’enthousiasme et d’initiatives au sein de l’APAPQ. Des subventions importantes lui sont accordées pour établir et gérer un programme de promotion de l’olympisme en milieu scolaire et, d’autres projets coûteux gérés à l’interne par un nombre croissant de gestionnaires payés. Les préoccupations des éducateurs/éducatrices physiques en milieu scolaire – la majorité des membres – deviennent secondaires et l’engagement traditionnellement bénévole perd de son importance. Contrairement aux attentes, les effectifs décroissent. Un important déficit financier est déclaré au lendemain des Jeux et la campagne de financement échoue à le renflouer. L’APAPQ doit cesser ses activités en 1977.
Cet échec plonge la profession dans un silence gênant qui dure 5 ans (1977-1982). L’initiative de Pierre Demers de la Faculté d’éducation physique et sportive de l’Université de Sherbrooke reste unique. De 1978 à 1993, il publie 30 numéros d’un bulletin concis appelé INTRACOM pour stimuler la réflexion sur divers aspects de la profession et l’importance de créer à nouveau un regroupement professionnel. Ses appels ont un écho favorable à partir de 1981 de la part praticiens des ordres primaire, secondaire et collégial et conduit à la création de la Confédération des éducateurs physiques du Québec (CÉPQ).
Phase 4. Renaître sur de nouvelles bases (1982 – à maintenant)8.
Entre 1977 et 1981, les éducateurs physiques n’ont pas de représentants ni de voix publique alors que le ministère de l’Éducation publie un nouveau programme d’éducation physique (1979) et qu’il décrètera en 1983 les conditions de travail des enseignants.
Si la Confédération des éducateurs physiques du Québec (CÉPQ) naît officiellement par son acte d’incorporation juridique le 11 décembre 1984, sa gestation prend racine dans le réveil antérieur de leaders régionaux décidés à redonner une voix à la profession.
Le colloque du Carrefour du sport étudiant d’avril 1981 à Chicoutimi constitue l’étincelle qui déclenche le projet de recréer une organisation professionnelle. Des comités provisoires régionaux se créent conduisant à des comités d’administrateurs également provisoires puis à des Assemblées générales spéciales. Tout est fragile et précaire, mais la glace se forme rapidement à partir de la création de l’Association des diplômés en éducation physique de la région de Québec (ADÉPQ,1981). Le modèle est donné, d’autres régions suivront.
Le 15 mai 1982, les associations régionales se regroupent afin de former la Confédération des éducateurs physiques du Québec (CÉPQ) et elles tiennent leur première assemblée générale le 20 juin. Même si l’acte d’incorporation n’existe pas encore, du point de vue sociologique, l’organisme vit et agit et les initiatives pleuvent, comme si le sevrage de 1977 à 1982 avait aiguisé l’appétit pour l’engagement. Mentionnons entre autres :
-Réveil de la formation continue par des colloques et des stages.
-Prise de position en faveur de spécialistes au primaire.
-Représentations et collaborations avec la Régie de la sécurité dans les sports, le ministère de l’Éducation, le Conseil supérieur de l’éducation.
-Contestation du Règlement sur la sécurité dans les bains publics.
-Combat contre le bumping syndical.
-Et bien d’autres.
Le fonctionnement centralisé antérieur de l’APAPQ (1972) et de la FÉPQ (1968) constitue un contre-modèle aux yeux des nouveaux leaders. On cherche une voie différente. Autrement dit, on rejette le modèle fédératif où le pouvoir décisionnel, l’argent et les initiatives sont concentrés auprès de l’organisme provincial. On veut instituer un pouvoir décentralisé reposant sur les associations régionales fortes qui ont les moyens de s’occuper en priorité de leur problématique régionale et qui acceptent de déléguer au pouvoir provincial des dossiers qu’elles jugent prioritaires et d’intérêt provincial. En somme, une approche confédérative.
Autre nouveauté, on ne sollicite pas les universitaires que l’on associe aux déboires du passé. Le nouvel organisme se veut le reflet des préoccupations des praticiens.
La longue gestation de la CÉPQ « non-officielle » de 1981 à 1984 aura fourni des troupes motivées et déjà engagées dans l’action, de nouvelles associations régionales et un réservoir de 532 membres. La CÉPQ légalement reconnue en 1984 poursuivra son développement sur des bases solides, ce qu’elle fera de 1984 à 1994 en développant les initiatives déjà entreprises et en ajoutant d’autres comme :
-La séquence des congrès annuels débutée en 1988 à Joliette. Le second, au mont Sainte-Anne en 1990, offre une centaine de présentations à près de 800 congressistes. La série se poursuit jusqu’à aujourd’hui.
-Le lancement du journal PROPULSION en février 1988 et qui se poursuit.
-La CÉPQ devient CÉÉPQ en reconnaissance de l’apport féminin en 1989.
-La création d’un comité sur la professionnalisation (1989) qui aura plus tard de grandes répercussions sur la transformation de la CÉÉPQ en FÉÉPEQ.
-La défense de l’éducation physique scolaire puis collégiale où trois des quatre cours obligatoires furent récupérés à la suite de l’action concertée des éducateurs/éducatrices physiques contre la ministre de l’Éducation Lucienne Robillard au début des années 1990.
-La création d’une maison d’édition appelée « L’IMPULSION »
Un document d’orientation appelé « L’avenir de l’éducation physique – Le temps de l’engagement » en 1994.
-Et bien d’autres.
D’autre part, au cours de la décennie 1980, les éducateurs/éducatrices physiques anglophones du Québec se doteront d’un nouvel organisme, l’ Association of Physical Education Teachers (APET) qui prend le nom d’Association of Physical Educators of Québec (APEQ) en 2010. Ces organismes auront jusqu’à ce jour peu de contact avec les organismes francophones, poursuivant ainsi le développement séparé amorcé en 1965 par les francophones.
La Fédération des éducateurs et éducatrices physiques enseignants du Québec (FÉÉPEQ,1994)9 naît à la faveur du projet de professionnalisation des éducateurs physiques amorcé par le président René Larouche. Il prend une importance telle au cours des années1990 qu’il conduit à formuler le projet de création d’un Ordre professionnel des éducateurs et éducatrices physiques auprès de l’Office des professions du Québec. Une exigence de l’Office bouleverse toutefois la structure de la CÉÉPQ et des autres catégories d’intervenants déjà existantes (kinésiologues, entraineurs sportifs, spécialistes du plein air, de la réadaptation) : il fallait que la demande inclue simultanément toutes ces catégories regroupées sous un nom de référence commun et un nom d’appartenance spécifique.
La CÉÉPQ regroupant alors que des enseignants ne pouvait répondre à cette exigence. Elle se transforme donc en FÉÉPEQ en 1994, soit la Fédération des éducateurs et éducatrices physiques (désignant le groupe générique de référence) des enseignants du Québec (désignant le groupe d’appartenance). Il en fut de même pour les autres groupes. Tous changent leurs Lettres patentes pour faire front commun et entamer ensemble le processus de professionnalisation. Ils se transforment ainsi:
-La Confédération des éducateurs et éducatrices physiques du Québec (CÉÉPQ, 1984) devient la Fédération des éducateurs et éducatrices physiques enseignants du Québec (FÉÉPEQ, 1994).
-La Fédération des kinésiologues du Québec (FKQ, 1988) devient la Fédération des éducateurs et éducatrices physiques kinésiologues du Québec (FÉÉPKQ, 1995).
-L’association québécoise des entraineurs professionnels du Québec (AQEPS, 1992) devint la Fédération des éducateurs et éducatrices physiques entraineurs du Québec (FÉÉPEQ,1995).
-L’Association québécoise en activité physique adaptée (AQAPA, 1993) devint la Fédération des éducateurs et éducatrices physiques réadaptateurs du Québec (FÉÉPRQ, 1996).
Comme les ordres professionnels sont en majorité dotés d’une structure fédérative plutôt que confédérative, les Lettres patentes et les règlements de la nouvelle FÉÉPEQ renouent avec la structure centralisée en place de 1965 à 1977 où domine l’organisme provincial plutôt que les organismes régionaux. À cet égard, la FÉÉPEQ n’est donc pas la suite identique de la CÉÉPQ.
Malheureusement pour le projet de création d’un ordre professionnel commun, le difficile consensus de départ entre les différents organismes s’effrite rapidement empêchant de franchir la seconde étape cruciale, soit le dépôt formel d’une demande commune auprès de l’Office des professions du Québec. Devant cet échec René Larouche se tourne alors vers le Conseil pédagogique interdisciplinaire du Québec qui appuie sa nouvelle démarche d’une demande formelle d’un ordre professionnel pour l’ensemble des enseignants/enseignantes, incluant les éducateurs/éducatrices physiques (1996). La démarche faillit réussir.
La liste des projets et réalisations de la FÉÉPEQ est trop longue pour être énumérée ici. Les numéros de sa revue PROPULSION permet au lecteur intéressé de les identifier.
En conclusion, rappelons que l’on entend souvent dire que notre profession est « jeune ». Toutefois, si on porte notre attention sur la longe durée, on constate que le souci du développement de la personne et particulièrement de la jeunesse via l’apprentissage et la pratique d’une grande variété d’activités physiques ainsi que de ce qu’on appelait autrefois «l’hygiène », ne l’est pas. Peu importe le profil de la formation des anciens et anciennes intervenants/es, on peut dire qu’à ce jour, ce souci a maintenant 158 ans (1866-2024) en contexte scolaire et notre vie associative québécoise en a 129 ans (1905-2024).
Seule une recherche historique plus poussée de chacun de nos organismes associatifs permettra de valider ces dates et de mesurer l’ampleur des contributions respectives. Cela reste à faire.
Roger Boileau PhD.
Éducateur physique et sociologue
Professeur retraité
Mes remerciements aux collègues Luc Chiasson, Jean-Claude Drapeau et René Larouche pour leur lecture critique et leurs commentaires. Erreurs et omissions me sont imputables.